Analyse des résultats du premier tour de la législative partielle de la 12ème circonscription des Yvelines

Publié le par Brath-z

Bon, ce dimanche a eu lieu le premier tour de l'élection législative partielle dans la 12ème circonscription des Yvelines. Le résultat de ce premier tour, bien que prévisible, a réservé néanmoins quelques surprises. Je vais analyser dans la présente note quelques-unes de ces surprises ainsi que les résultats des tactiques et inovations présentées dans cette note.

Premier point : une abstention record

En 2007, l'abstention dans la 12ème circonscription des Yvelines avait dépassé les 45%. Lors de ce premier tour, elle a caracollé à presque 70%. Je n'ai pas réussi à trouver les chiffres de la participation en fonction des catégories socio-professionelles, néanmoins je pense pouvoir affirmer sans trop courir le risque d'être contredit par les faits que la participation à ce scrutin s'est faite avant tout dans les classes sociales les plus élevées, voire chez les jeunes (bien que je répugne a catégoriser la population par tranche d'âge).
Une abstention massive des catégories "populaires" (ouvriers, employés, classe moyenne dans le tertiaire, petits commerçants, artisans et entrepreneurs) qui fait écho à celle qui a prévalu lors des éléctions européennes et qui signifie bien l'écart croissant entre le peuple français et ses représentants ainsi que les alternatives politiques qui lui sont proposées.

Les résultats suivants ne sont donc significatifs qu'à condition de considérer une abstention massive systématique dans les scrutins à venir. Ils peuvent néanmoins qualifier une tendance qui, bien qu'exacerbée par le peu de participation, peut peut-être signifier beaucoup sur le plan national. A considérer avec prudence, donc.

Deuxième point : l'échec de la candidature unique du centre

En 2007, le candidat UDF-MoDem (un certain Richard BERTRAND) avait réuni 12,63% des suffrages exprimés, ce qui lui garantissait une troisième place et une position stratégique pour le second tour (à défaut de pouvoir décider du gagnant de l'élection, il pouvait au moins soit réduire l'écart UMP/PS soit garantir une victoire hégémonique au député UMP sortant ; c'est apparemment la première solution qui a été privilégiée).
Dimanche dernier, le candidat MoDem soutenu par le Nouveau Centre (un certain BERTRAND Richard) est péniblement arrivé à une quatrième place (derrière Alain Lipietz, candidat d'Europe Ecologie) avec 7,72% des suffrages exprimés. Un echec relatif qui reste conforme à celui enregistré en Île de France lors des éléctions européennes dernières. Apparemment, l'augmentation de l'abstention n'est pas profitable au MoDem.
L'avenir dira si le Nouveau Centre réiterera l'expérience d'une alliance avec le MoDem, mais en tous cas pour une première, c'est un échec. D'autant plus cuisant qu'il est probable que Richard Bertrand soutienne le candidat PS au second tour. Quelle va être la réaction du Nouveau Centre, inscrit dans la majorité présidentielle ?

Troisième point : l'échec relatif de la candidature unique de l'extrême-gauche

En 2007, quatre candidats issus de formations d'extrême-gauche s'affrontaient. Il avaient réunis à eux quatre le coquet pourcentage de 6,30% des suffrages, principalement partagés entre le PCF (2,01%) et le NPA (2,80%).
En 2009, le candidat du Parti de Gauche soutenu par le Front de Gauche (PG, PCF, GA) et par le NPA, unique candidat d'extrême-gauche, réuni 4,87% des suffrages exprimés. Ce qui correspond peu ou prou à l'addition des pourcentages obtenus par le PCF et le NPA deux ans auparavant. C'est un progrès indéniable pour un candidat identifié un peu vite à un candidat communiste par certains. C'est un échec cuisant pour un candidat unique de la "gauche de la gauche". L'abstention populaire permet généralement à l'extrême-gauche trotskyste ou ex-trotskyste de doubler ses scores électoraux, mais pénalise gravement les mouvements de la "gauche charbon et acier", autant dire du PCF et du PG. Il est probable qu'une participation accrue n'aurait pu permettre de faire mieux. Cela marquera-t-il la fin de toute tentatie d'unir le Front de Gauche au NPA ?

Quatrième point : le succès relatif de la candidature d'Europe Ecologie

En 2007, l'écologie politique comptait deux candidats. Le candidat des Verts avait recueilli 3,45% des suffrages, son challenger 1,42%.
En 2009, Alain Lipietz, candidat des Verts soutenu par Europe Ecologie, recueille 14,82% des suffrages, ce qui est un succès indéniable et le place en troisième position, loin devant le candidat MoDem, loin derrière le candidat PS. Après la performance surprenante de la candidate d'Europe Ecologie dans la 10ème circonscription des Yvelines quelques semaines auparavant, et malgré la candidature d'une personalité médiatiquement connue - la seule avec le candidat de l'UMP -, ce résultat honorable paraît néanmoins décevant. Il est très probable que M. Lipietz soutienne le candidat PS au second tour, ce qui lui permettrait - à défaut de l'emporter - de minimiser les pertes. En somme Alain Lipietz jouerait en 2009 le rôle de Richard Bertrand en 2007.

Cinquième point : le pari presque réussi du Parti De la France

En 2007, la candidature FN réunit 3,81% des suffrages exprimés. En 2009, Christophe le Hot, candidat du Parti De la France, issu d'une scission d'avec le FN début 2009, remporte 3,14% des suffrages exprimés. Un score du même ordre, légérement inférieur, mais équivalent alors que l'abstention a presque doublé.
Cependant, en 2007, les candidatures d'extrême-droite étaient présentes au nombre de 4, dont une candidature FN et une autre MPF. Le score additionné de ces quatre candidatures était de 6,45%.
On constate alors que si le PDF a réussi son pari de remplacer localement le FN, il n'a pas su se faire le rassembleur de l'extrême-droite toute entière, et ce alors qu'il était seul en lice sur son créneau. Là encore l'abstention populaire probablement plus marquée que les autres y est surement pour quelque chose, mais ce n'est qu'un succès en demi-teinte pour le "nouveau-né" de l'extrême-droite.

Sixième point : le maintien du PS

En 2007, le PS avait enregistré 21,56% des suffrages exprimés, parvenant au second tour.
En 2009, le PS a enregistré 21,87% des suffrages exprimés, parvenant au second tour.
Malgré les candidatures médiatiques de l'UMP et d'Europe Ecologie, malgré des candidatures uniques au centre et à sa gauche, le PS a su conserver le même potentiel électoral. Et comme en 2007, l'écart avec le candidat de l'UMP est trop important pour espérer sérieusement l'emporter. La situation, pour le PS, reste pratiquement identique à celle de 2007, à ceci près que les candidats MoDem, Europe Ecologie et PG vont probablement lui apporter leur soutien, lui fournissant un réservoir important de voix, tandis que le candidat UMP ne dispose pas, lui, de si grandes réserves.
Cependant, il semblerait que le candidat PS n'ai sollicité ni l'extrême-gauche ni le centre pour le second tour, s'affichant comme candidat de proposition face à l'UMP. On verra rapidemment si cette stratégie s'avère payante.

Septième point : étrange succès des "sans étiquette"

En 2007 deux candidats sans étiquettes s'étaient présentés. Ils avaient recueilli à eux deux moins de 0,50% des suffrages. En 2009, 3,24% des suffrages sont revenus au seul candidat "sans étiquette" présent. Une telle croissance s'explique, bien sur, par la montée phénoménale de l'abstention. Mais pas seulement.
Car si en 2007 MM. Anouar et Legrand étaient véritablement des candidats "sans étiquette", en 2009, on ne peut pas dire que ce soit réellement le cas de M. Gautry. Jugez plutôt : sitôt les résultat du second tour annoncé, M. Gautry, connu localement, annonce son soutien à David Douillet pour le second tour et annonce qu'il va rejoindre l'UMP.

Huitième point : le pari réussi de l'UMP

Même dans une circonscription qui est une véritable "salamandre électorale" au profit de la droite, lancer un candidat médiatique dont les capacités de gestion sont absolument inconnues et qui sera - fatalement - inféodé à la direction de son parti pouvait être risqué. Tout particulièrement, la situation aurait pu être gênante pour David Douillet s'il n'avait atteint le seuil "minimum" de 40% a premier tour. Il a fait 44,20%. Pari réussi, donc, et conjoncture plus que favorable pour la victoire au second tour, d'autant qu'il obtient plus de 75% dans une des six communes, 60% dans deux d'entre elles, 45% dans une autre et plus de 35% dans les deux dernières, gagnant à chaque fois la première place avec plus de 10% d'avance sur le candidat PS (36% contre 25% à Carrières sous Poissy), et jusqu'à 74% d'avance dans la petite commune de Davron (78,57% contre 4,29% pour un peu moins d'une centaine de votants sur 300 habitants) - épiphénimène anecdotique, mais quand même performance impressionante, même à cette échelle.

Publié dans Politique

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